Déchets dangereux et pollutions de l’eau en Normandie : 50 ans d’héritages toxiques et des luttes pour l’avenir
Un territoire sous pression chimique
La Normandie est l’un des territoires français les plus industrialisés. Depuis plus d’un demi-siècle, ses sols, ses nappes et la Seine absorbent une partie de l’héritage toxique d’activités chimiques, pétrochimiques et agro-industrielles.En parallèle, les citoyen·ne·s, associations et élu·e·s se mobilisent de plus en plus contre de nouveaux projets d’enfouissement, contre les rejets de polluants éternels, et pour une mise en conformité réelle des industriels avec les lois environnementales.
Menaces sur la vallée de la Seine
SERAF / Véolia à Tourville-la-Rivière : 22 hectares de déchets dangereux, 50 ans d’enfouissement… et un projet d’extension de 15 hectares
Depuis cinquante ans, le site de SERAF / SARPI / Véolia à Tourville-la-Rivière, classé Seveso seuil haut enfouit des déchets dangereux venus de toute la France : résidus chimiques, terres polluées, boues industrielles, produits toxiques issus de dépollution, résidus de sites d’incinération...
22 hectares ont déjà été utilisés pour cet enfouissement, dont certains volumes resteront toxiques pour les siècles à venir.
Le site se situe dans le plus petit méandre de la Seine, au plus près du fleuve, en amont de Rouen et de sa métropole, à proximité immédiate de l’hôpital intercommunal Elbeuf/Louviers/ Val de Reuil.
Malgré cet héritage, l’industriel souhaite aujourd’hui étendre le site de 15 hectares supplémentaires, 10 hectares de bois et 5 hectares de terres agricoles, à Cléon.
Tous les élu·e·s locaux·ales s’opposent au projet et les Écologistes Normandie ont été les premier·ère·s à s’exprimer publiquement pour exiger son abandon.
Les associations et collectifs dénoncent les risques majeurs pour l’eau et le vivant, car aucun site d’enfouissement de déchets dangereux n’est jamais complètement étanche et les barrières techniques vieillissent avec le temps.
PFAS dans la Seine : une plainte collective de 7 associations contre BASF
La Normandie fait face à une autre alerte environnementale majeure : depuis plus de 25 ans, le site BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, rejette massivement des TFA, un polluant éternel (PFAS) dans la Seine.
Les PFAS sont particulièrement redoutables : très persistants, certains ne se dégradent quasiment pas, et leur accumulation peut avoir des effets toxiques à long terme. Les effets toxiques des PFAS sur la santé sont multiples et ont été listés par le Bureau européen de l'Environnement (BEE) : troubles de la thyroïde ; hausse du taux de cholestérol ; troubles hépatiques ; cancers du rein, du testicule, du sein ; retard de développement du foetus ; risque accru de fausse couche ; infertilité ; risque de prééclampsie chez la femme enceinte ; maladie inflammatoire de l'intestin. Chez les enfants, l'exposition in utero est suspectée d'augmenter le risque d'obésité, de puberté précoce.
Un collectif de sept associations (Codef, UFC Que Choisir Normandie, FNE Normandie, Amap Normandie, Amap Elbeuf, Ami.e.s de la Terre Normandie, Effet de Serre Toi Même) a déposé plainte en juin 2025.
L’usine BASF de Normandie, est accusée d’avoir l’un des rejets français les plus élevés enregistrés. La proximité géographique avec le site d’enfouissement Seraf/Véolia, à moins de 2 km à vol d’oiseau, augmente l’exposition cumulée des sols, de l’eau et des populations aux déchets dangereux et aux pollutions chimiques, soulignant la gravité de la situation pour le vivant et les captages d’eau potable
Les Écologistes Groupe Rive Gauche, au sud de Rouen, soutiennent cette plainte, considérant ces rejets comme un danger direct pour l’eau et le vivant.
L’action du 17 novembre contre BASF : un signal citoyen
Lundi 17 novembre, environ 500 personnes — paysan·ne·s, riverain·e·s, collectifs de victimes, associations — ont bloqué l’usine BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf.
Cette mobilisation dénonçait :
• les rejets de PFAS (TFA) en Seine,
• la production de pesticides interdits à l’usage agricole, notamment le fipronil,
• l’exportation de substances toxiques vers des pays moins regardant, qui reviennent en France une fois transformées.
Les Écologistes Écologistes Groupe Rive Gauche, au sud de Rouen soutiennent l’action et rappellent :
• ils sont conscient des enjeux d’emplois sur le territoire,
• les salarié·e·s de BASF sont eux-mêmes exposé·e·s aux produits toxiques,
• la transition vers des activités industrielles propres garantirait des emplois durables tout en protégeant l’eau et le vivant.
Contournement de la loi EGalim : production de pesticides interdits en Europe
La loi EGalim interdit la production sur le territoire français de pesticides interdits dans l’Union européenne.
Pourtant, BASF continue de produire des molécules interdites en Europe, pour l’export, dont :
• l’insecticide Fastac (alpha-cyperméthrine),
• le fipronil.
Ces produits, fabriqués sur le sol français, partent ensuite vers d’autres continents, facilitant une concurrence déloyale et exposant les agriculteur·rice·s français·es à une double peine : subir la pollution locale tout en faisant face à la concurrence déloyale de produits importés autorisés ailleurs.
Les agriculteur·rice·s : premières victimes, derniers informé·e·s
Les agriculteur·rice·s dénoncent :
• la concurrence déloyale,
• l’exposition directe aux polluants,
• l’absence de protection réelle face aux risques sanitaires.
Les collectifs de victimes, associations et syndicats agricoles alertent sur les maladies professionnelles et les risques pour la santé liés aux pesticides et autres produits chimiques.
Eléments supplémentaires : effets cocktails
De plus, les effets cocktails des multiples substances chimiques présentes sur les 2 sites, accentuent les risques pour l’eau et le vivant, et soulignent l’incertitude sur la tenue des barrières techniques et la maîtrise des rejets pour le futur
Conclusion : pour une politique de l’eau qui interroge enfin les déchets dangereux
La rive sud de Rouen est à la croisée des chemins :
• 22 ha de déchets dangereux enfouis à Tourville, projet d’extension de 15 ha;
• rejets de PFAS parmi les plus élevés de France;
• production de pesticides interdits, contournant la loi Egalim;
• proximité des 2 sites Seveso (moins de 2 km), aggravant les expositions cumulées ;
• agriculteur·rice·s, salarié·e·s et riverain.e.s exposé·e·s.
Les Écologistes Groupe Rive Gauche, au sud de Rouen, soutiennent les associations environnementales, de victimes des pesticides et les collectifs agricoles et appellent à :
- l’abandon de l’extension de Cléon,
- la transparence sur les rejets chimiques,
- l’arrêt des productions interdites,
- la protection du vivant et de l’eau,
- la garantie d’emplois sûrs et durables avec une industrie respectueuse du vivant.
Le Groupe Local Les Ecologistes Rive Gauche